Qui a tué les dinosaures? Il y 65 millions d’années, la surface de la Terre se transformait en scène de crime géante. 80 % des espèces vivantes venaient de disparaître. Depuis plus de trente ans, les paléontologues examinent les indices pour tenter de trouver le coupable. Ils s’accordent sur un premier suspect: la météorité qui s’est écrasée sur l’actuel Mexique (dans la péninsule du Yucatan), créant le cratère de Chicxulub. «La chute de la météorite n’est plus une hypothèse, explique Eric Buffetaut, directeur de recherche au CNRS. Cela a été démontré scientifiquement. Ce qui est compliqué, c’est d’expliquer comment on passe d’un événement extra-terrestre à ses conséquences terrestres.»
Un squelette d'Uberabatitan Ribeiroi exposé à la Federal University de Rio de Janeiro - A. Lacerda/Sipa
Mais différentes équipes de scientifiques étudient d’autres événements survenus à la même époque et s’interrogent sur de possibles complices.
Suspect n°1: Les éruptions volcaniques
Selon certains scientifiques, la disparition des dinosaures aurait aussi été provoquée par une série d’éruptions volcaniques qui se sont produites dans la région de Deccan (à l’est de Bombay en Inde). Eric Buffetaut relativise cette théorie: «L’épisode volcanique a commencé avant la chute de la météorite et s’est poursuivi après. Le lien entre les deux événements est possible, mais il est difficile à mettre en évidence. Ce qui est à peu près certain, c’est qu’un épisode volcanique seul n’aurait pas provoqué la disparition des dinosaures.»
Des éruptions volcaniques pourraient avoir causé la disparition des dinosaures. – E. Minte/Caters/NE/SIPA
Suspect n°2: Les pluies acides
En 2014, une équipe japonaise, menée par Sohsuke Ohno du Chiba Institute,a élaboré une nouvelle théorie à partir d’expérimentations effectuées en laboratoire. Suite à la chute de la météorite, un nuage de souffre se serait formé qui, en contact de la vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère aurait provoqué une pluie acide. Cette dernière aurait provoqué la soudaine acidification des océans et l’extinction de nombreuses espèces marines de surface. Mais pour Eric Buffetaut, «ce scénario est plus difficile à mettre en évidence».
Suspect n°3: La faute à pas de chance
En 2014, des paléontologues de l’université d’Edimburg (Ecosse) ont publié une étude étonnante. Suite à l’examen de fossiles, ils affirment que la disparition des dinosaures avait débuté avant la chute de la météorite sur Terre. Selon eux, la planète était alors soumise à d’importants bouleversements qui auraient fragilisé les dinosaures, les rendant plus vulnérables. D’après les chercheurs, les dinosaures ont été victimes d’une «colossale malchance». Si la météorite avait frappé la Terre quelques millions d’années plus tôt, ils auraient probablement survécu. Pour Damien Germain, paléontologue et chercheur au Muséum national d’Histoire naturelle, «cette théorie n’est pas impossible. Le déclin de certaines espèces dans certaines zones a été prouvé.» Pour lui, «c’est une accumulation de causes qui a provoqué la crise.»
L’enquête est donc loin d’être terminée. D’autres preuves et d’autres suspects peuvent encore être mis en cause dans ce dossier, comme l’explique Damien Germain: «Nous n’avons pas encore de scénario global. Il faut examiner de nouveaux échantillons dans des zones que l’on n’a pas encore explorées. D’autres découvertes sont possibles.» Saura-t-on un jour vraiment ce qui s’est passé, ou la disparition des dinosaures restera-t-elle pour toujours une affaire non classée?
Source : 20minutes