Un « fantôme de galaxie »
L’objet est disproportionné, donc intriguant : environ un tiers du diamètre de la Voie lactée, soit quasiment aussi gros que le Grand Nuage de Magellan, mais beaucoup moins massif et 10 000 fois moins lumineux. « C’est un fantôme de galaxie, explique Gabriel Torrealba, principal auteur de l’étude. Des objets aussi diffus qu’Ant 2 n’ont tout simplement pas été vus auparavant. Notre découverte n’a été possible que grâce à la qualité des données Gaia ».
Illustration d’artiste du Grand Nuage Magellan, à gauche, de la Voie lactée, au centre, et d’Antlia 2, plus diffuse à droite. Crédits : V. Belokurov
Une galaxie autrefois gigantesque
Comment alors expliquer la faible masse de cette galaxie ? « L’explication la plus simple est qu’elle a été démolie par les marées galactiques de la Voie lactée, poursuit Sergey Koposov, de l’Université Carnegie Mellon (États-Unis) et co-auteur de l’étude. Ce qui reste inexpliqué, cependant, c’est la taille géante de l’objet. Normalement, à mesure que les galaxies perdent de la masse face aux marées de la Voie lactée, elles se contractent et ne grandissent pas ».
Pour expliquer ces proportions – une galaxie très grande mais avec très peu de masse et une faible luminosité -, les astronomes suggèrent que certaines galaxies naines pourraient s’être retrouvées plus diffuses suite à une formation d’étoiles mouvementée. Dans ce cas-ci, les vents stellaires et les explosions de supernova repoussent le gaz, affaiblissant la gravité permettant de lier la matière. Résultat : tout le monde s’éparpille, même la matière noire. Si tel est le cas pour Antlia 2, encore aujourd’hui très grande malgré son âge avancé, alors cette galaxie devait être gigantesque il y a plusieurs milliards d’années.
Il pourrait y en avoir d’autres
«Par rapport au reste de la soixantaine de satellites de la Voie lactée, Ant 2 est une drôle de boule, poursuit Matthew Walker, de l’Université Carnegie Mellon qui a participé aux recherches. Nous nous demandons si cette galaxie n’est que la partie émergée d’un iceberg et si la Voie lactée est entourée d’une importante population de naines presque invisibles, similaires à celle-ci».
S’il y en a d’autres, Gaia pourrait être en mesure de les repérer. Comprendre ces “fantômes” galactiques pourrait alors permettre aux astronomes de mieux appréhender la formation des toutes premières galaxies de l’Univers.
source phys.org et sciencepost.fr