Voyager 1 a bien voyagé. Cette sonde se trouverait aux limites de notre système solaire, a annoncé la Nasa. Jamais aucun objet spatial n’a été aussi loin jusqu’à maintenant. Jean-Marc Bonnet-Bidaud, astrophysicien au Commissariat à l’énergie atomique, explique à 20 Minutes tous les détails de ce voyage inédit.
Quelle était à l’origine la mission de Voyager 1?
Cette sonde, ainsi que Voyager 2, avait été lancée en 1977 afin d’étudier les planètes. Avant elles, il y avait les sondes Pioneer qui faisaient partie du programme américain d’exploration des planètes. Ces sondes sont donc intervenues auprès de toutes les planètes géantes (Jupiter, Saturne, Neptune, Uranus, …) avec des caméras et des instruments, avant de poursuivre leur chemin de leur propre élan, vivant leur vie sans direction privilégiée. C’est un peu par hasard qu’on s’est aperçu qu’on pouvait continuer à les écouter. De temps en temps, les chercheurs reprennent ainsi contact avec les sondes.
Que peut-elle nous apporter de plus désormais?
Voyager 1 dispose de très peu d’instruments, donc nous aurons peu d’informations, mais aucune sonde n’a jamais été aussi loin. C’est la première qui va pouvoir mesurer in situ le rayonnement galactique. Mais il faut préciser que cela fait des années qu’on dit qu’elle passe cette frontière. Elle se trouve à la limite de l’influence du soleil, là où s’arrêtent les particules qu’il produit. Si Voyager 1 arrive à passer cette limite, elle sera baignée des particules d’autres étoiles qu’on n’a jamais pu observer et dont on ne connaît pas les conséquences. Entre nous et la prochaine étoile, il y a un vide incommensurable.
Qu’y a-t-il au-delà de cette frontière?
Ce n’est pas un tout ou rien. C’est un no man’s land, comme au sommet de l’atmosphère terrestre, avec une certaine épaisseur modulée par l’activité de la galaxie. Avant de passer dans un autre système solaire, Voyager 1 devrait notamment rencontrer le nuage de Oort qui est un réservoir de petits corps qui entoure notre système solaire. Cependant, il va falloir qu’elle s’arme de patience car il lui faudra encore des milliards d’années avant d’y arriver et d’en sortir complètement. Ce nuage se trouve en effet à environ 8.000 milliards de kilomètres de la Terre et la sonde n’est actuellement qu’à 18 milliards de kilomètres de nous. Par ailleurs, elle devrait aussi continuer à se dégrader à cause du bombardement cosmique.
Jusqu’à quand pourra-t-on garder le contact avec Voyager 1?
On maintient un contact radio grâce à de grandes antennes placées sur Terre, mais, à un moment, le flux sera trop faible. Je suis personnellement assez surpris qu’on puisse encore entendre la sonde même si les techniques des ondes radio ont progressé. Cependant, on est sans doute aux limites désormais.
—
Propos recueillis par Corentin Chauvel