La question paraît saugrenue. Il y a quelques années, elle ne se serait certainement pas posé. Pourtant, le magazine Science et Vie, notre partenaire pour cette émission, titre son dossier de ce mois de mars : « L’intelligence des plantes enfin révélée ». On pense d’abord à une formulation légèrement exagérée. Et puis, au fil des pages et des exemples d’observations et d’expériences, le doute s’installe. En effet, les plantes sont bien dotées de multiples facultés que l’on pensait réservées au monde animal. Certains de leurs sens, comme l’odorat, sont même nettement supérieurs aux nôtres. Surtout, elles peuvent communiquer entre elles, reconnaître leurs congénères, nourrir leur progéniture, garder des événements en mémoire… Elles élaborent aussi des stratégies pour combattre leurs agresseurs. Et elles s’entraident.
Drosera capensis - Plante carnivore - Photo - Science and plants for schools © Licence CC via Flickr
Toutes ces caractéristiques sont décrites avec un langage anthropocentrique sans doute un peu abusif parfois. Il n’empêche qu’elles posent clairement la question : les plantes sont-elles, finalement, dotées d’une forme de ce que nous appelons « l’intelligence ». Certes, le terme est largement galvaudé aujourd’hui, ce qui n’arrange pas les choses. De nombreux objets, puces électroniques, capteurs, téléphones, ordinateurs ou robots sont déclarés « intelligents » abusivement. Mais les plantes ? Qui dit intelligence, sous-entend cerveau. Où se trouve-t-il dans un arbre, une fleur, une tomate ? Certains chercheurs pensent que tout se passe à l’extrémité des racines. De fait, leurs ramifications infinies ne sont pas sans ressembler à la structure des neurones et des synapses… De là à parler d’un cerveau qui, enfoui sous terre piloterait l’ensemble des fonctions de la plante, prendrait des décisions, engrangerait des connaissances…
Quelles sont les découvertes réalisées au cours des trente dernières années et qui conduisent aujourd’hui à nous poser la question de l’intelligence des plantes ?
La complexité du règne végétal est-elle vraiment comparable à celle du règne animal ?
Doit- on ainsi, parler d’éthologie des plantes, de communication végétale voire de neurobiologie végétale ?
Invités :
Olivier Bodeau, doctorant en philosophie de la biologie à l'IHPST (Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques), Paris 1 Sorbonne
Francis Hallé, botaniste, spécialiste des plantes tropicales.
Bruno Moulia, directeur de Recherche INRA , dans l'Unité Mixte Physique et Physiologie Intégratives de l'Arbre à Clermont-Ferrand
et Hervé Poirier, rédacteur en chef du magazine Science et Vie
source : émission du 8 mars 2013 14 h 00 franceculture.fr